Et on court dans les champs de blés !

[Prix du titre le plus pourri qui existe. Amen. Oh, et Kaori est supposée répondre à ce message en première, mais sinon il est libre ~ Enfin je pense, faudrait voir avec elle.]

Qu'est-ce qui lui avait pris de quitter le pensionnat tout seul avec son pouvoir pas très utile en combat ? Il l'ignorait toujours. Il était sorti sans même s'en rendre compte, en fait. Cela faisait bien quelques semaines qu'il avait repris ses esprits, mais si on garde à l'esprit son manque de terre-à-terre, il ne s'était pas encore mis dans la tête que sur Ashtralia, il allait falloir faire attention avant de battre la campagne et surtout de quitter la zone de protection de la pension. Il n'était pas particulièrement peureux, mais il savait au moins qu'il n'avait pas un pouvoir capable de le protéger en cas d'agression, il se sentait comme un gamin dans les rues d'une grande ville endormie et sombre ou n'importe quoi pouvait surgir. C'était rageant pour une partie de lui, pour l'autre ça ne faisait que le conforter dans son manque de confiance en lui et sa passivité.

Et il se trouvait donc ici, en pleine forêt, à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Une course à perdre haleine, il se bénissait d'être en parfaite forme physique, mais cela ne durerait pas longtemps. Et il était tellement occupé à économiser son souffle pour conserver le plus d'endurance possible qu'il n'était pas question de se mettre à hurler de l'aide, ça ne ferait qu'accélérer sa mort. Pas une seule arme envisageable en vue non plus, et il ne savait pas du tout jusqu'où il allait comme ça. Au moins, s'il pouvait ne pas trébucher comme dans les films sur une racine bien en vue, son honneur serait sauf. Et puis quoi, il pourrait peut-être approcher une grosse bête lente et se réfugier un moment dans sa tête, le cas n'était pas si désespère que ça...

"Putain je me retrouve à courir en pleine forêt pour échapper à des insectes mutants et je cherche un truc immense et stupide pour me cacher dans sa tête... Je crois que je deviens fou."

"Bah tu sais... Le truc c'est qu'il me semble qu'on l'est déjà officiellement, alors bon..."

C'est bien d'assumer. Bref, là n'est pas la question de savoir si vous êtes tarés ou si vous avez empiré, mais déjà de sauver votre peau, on avisera ensuite. Malheureusement, pas de trucs ressemblant à un hippopotame ou à un éléphant en vue. Par contre, toujours l'insecte qui le course. Si au moins il était sûr de pouvoir lui toucher le front sans se prendre une boule d'énergie... Mais non, il serait sans doute touché avant même de pouvoir tendre la main. C'était déjà une chance d'être en pleine forêt, où les arbres déviaient certains projectiles et lui servaient de bouclier de fortune...

Oh shit.

Il aurait mieux fait de taire cette pensée. Ou alors est-ce de ma faute de l'avoir écrite ? Dans tous les cas, il venait de se rendre compte qu'il n'était plus dans la forêt, mais en plein champ. Et même pas d'agriculteurs en plus, bien sûr. Il ralentit, ne sachant plus trop quoi faire et se retourna, les insectes étaient toujours sur ses talons. Par contre il remarqua un truc qu'il n'avait pas vu avant. Une... silhouette. Humaine, cette fois-ci.

Quand on est une aventurière, on y reste. Comme d'habitude, Kaori s'était promenée dans la forêt à la recherche de créatures à observer. Son nouveau but était de réussir à en capturer une qui lui serait fidèle et qui l'aiderait quand elle serait en danger. Mais elle savait que c'était difficile et avait donc décidé de les observer pour savoir comment s'y prendre. Elle était donc pendue à la branche d'un arbre à observer une sorte de scorpion vert géant lorsque l'arbre reçu une secousse. Qui osait la déranger dans son travail ?! Elle tourna la tête et vit un monstre metallique approcher. Kaori n'était pas d'humeur à le massacrer ce jour-là, une simple décharge électrique suffirait à le mettre K.O pendant un bon moment. Sans changer de position, elle tendit la main vers le monstre. Une boule d'électricité jaune se matérialisa devant sa paume et vola vers le monstre pour l'électrocuter. Facile. L'adolescente se remit donc à observer le scorpion géant qui s'était maintenant un peu éloigné. Une nouvelle secousse, un peu plus violente que la précédente, secoua l'arbre sur lequel elle était perchée. Bon sang, qui osait encore la déranger ?!

« Kyaaaaaaaah !!! » >O<

Cette fois ce n'était non pas un mais une dizaine de monstres qui s'était rassemblée en bas de l'arbre. Kaori devait donc abandonner ses recherches pour la journée. Elle descendit précautionneusement de l'arbre et se dressa devant la troupe d'insectes géants. Elle se concentra, rassembla son énergie pour lancer une onde de choc (comme mon Alakazam, yeah x3) qui repousserait les monstres le temps qu'elle puisse prendre la fuite. BOOUM ! Kaori cria. Elle avait complètement raté son attaque et au lieu de lancer de l'électricité aux monstres, elle s'était auto-attaquée. Ses cheveux étaient maintenant dressés et éparpillés dans tous les sens, tandis que ses vêtements étaient légèrement déchirés et noircis. Affolée, elle ne tenta pas une seconde fois son attaque et s'enfuit en courant, les monstres à ses trousses.
Kaori courait sans se retourner, essayant de semer ces affreuses bestioles métalliques. Elle était à la fois paniquée et énervée contre elle-même. Pourquoi avait-elle raté son attaque ? Encore s'il ne s'était rien passé, ça aurait été moins humiliant que de s'électrocuter soi-même ! Maintenant, elle se sentait totalement inutile. Elle continua à courir, accélérant ses pas. Seulement, les monstres gagnaient du terrain. La tête baissées, les sourcils froncés, Kaori faisait tout son possible. Elle était assez sportive en général, ce qui lui permettait de ne pas s'écrouler de fatigue. Lorsqu'elle releva la tête pour s'orienter, elle remarqua qu'elle n'était plus dans la forêt mais qu'elle courait maintenant dans les champs d'Ashtralia. Ca n'aurait pas pu être pire ! Et comme par hasard, il n'y avait aucun paysan aux alentours pour l'aider. Elle ne pouvait pas tenter une attaque pour se défendre, ça risquait de se retourner une fois de plus contre elle. Elle remarqua alors une silhouette non loin qui courait dans la même direction qu'elle mais elle ne s'en préoccupa pas.
Elle commençait à être à bout de souffle. Les dix monstres derrière elle semblaient infatigable. Au bout d'un moment, elle tourna la tête vers le jeune homme qui courait à côté d'elle et lui demanda, sans s'arrêter :

« Mais... Mais t'es qui toi ? »

« Mais... Mais t'es qui toi ? »

- Eeh... ?

Tiens, la demoiselle s'était rapprochée. Pour commencer à discuter, en plus, comme s'il n'y avait pas plus urgent dans l'immédiat. Enfin bon, Ryô, ou plutôt une moitié de Ryô était quand même bien élevé et poli, même quand il se faisait courser par des insectes, donc même s'il trouvait la question assez déplacée, il se résolu à y répondre, tandis que l'autre moitié se demandait sérieusement pourquoi il prêtait tant d'importance aux bonnes manières, c'était pas ça qui les sauverait. Alors il s'auto-coupa la parole.

- Je... Si tu veux mon avis, petite, ce n'est pas le bon moment pour ce genre de questions.

Et c'est là qu'ils firent tilt tous les deux. Une créature qui n'allait sans doute pas les agresser et avec qui ils peuvent en plus communiquer, c'était la chance qu'ils attendaient. Ce n'était pas à se cacher que servait son pouvoir, mais ça pouvait marcher et leur sauver la mise à tous les deux, s'il arrivait à créer un portail et à le refermer avant l'arrivée des insectes. Parce qu'il n'avait jamais essayé, mais s'ils pouvaient bien entrer eux aussi, ça n'annonçait rien de bon. On détruit pas une tête à coup de canon, enfin. Quoique, ça donnait des idées à un certains Ryôritsu, idées que le deuxième s'efforçait de dissiper et de raisonner. De toutes façons, il n'était pas l'heure de chercher de nouveaux moyens de torture.

- Fais-moi confiance, je peux nous sortir de là.

En fait, ils auraient mieux fait de se présenter, pour la mettre en confiance. Mais là ils n'avaient plus le temps, ils allaient être rattrapés d'un moment à l'autre. Il se rapprocha d'elle, tendit la main vers son visage et... trébucha sur le côté, le pied ayant tourné sur une pierre. Dans la panique, il ne sut pas très bien ce qui se passait mais pour résumer il se cassa la gueule sur elle (mon dieu, quel langage) et sans trop savoir comment réussi à rester debout et à courir, sauf que maintenant il l'avait dans les bras comme une princesse. Euh... mauvais plan, là, c'était pas trop trop le moment de jouer au chevalier. Avec cette charge il se fatiguait encore plus et ça n'arrangeait pas l'entorse qu'il venait de se faire en trébuchant. Il avait en plus les deux mains prises et ne pouvait donc plus utiliser son pouvoir facilement, et ajoutez à cela la panique et la vitesse que leur réclamait cette course et il n'arrivait pas à savoir comment la reposer sans leur faire perdre de temps. Parce que sa bourde leur avait fait perdre un peu de temps, les ennemis étaient plus proches que jamais.

- Euh... Je-je précise que c'était pas ça, mon plan... E-erreur de calcul...

[ HJ : Au début je me suis dit "bah, y'a qu'à utiliser le TS et on s'en sort", mais je me suis dit que j'allais rajouter un élément perturbateur pour le fun XD Enfin si t'as pas d'idées pour nous en sortir au prochain message je l'utiliserais, j'avais juste envie de partir encore plus en trip incohérent. ]

Le jeune homme répondit à Kaori que ce n'était pas le moment de faire les présentations. Il n'avait pas tort, elle avait seulement posé cette question par réflexe, parce qu'avant elle n'avait pas remarqué que quelqu'un courrait à ses côtés. Elle aurait pu être rassurée par cette présence humaine, mais peut-être pas car elle avait déjà vu des humains agressifs et tout aussi dangereux que les insectes qui les coursaient. D'ailleurs, il vallait peut-être mieux qu'elle accélèrât car ils commençaient à les rattraper. Sauf qu'elle était déjà essouflée. C'est alors que le jeune homme lui demanda de lui faire confiance car il pouvait les sortir de là. Faire confiance à un inconnu ? Ce n'était peut-être pas une bonne idée... Cependant, elle n'avait pas vraiment le choix : les insectes les rattrapaient et elle n'osait pas utiliser son Talent Spécial, de peur de rater une fois de plus son attaque. Elle laissa alors le garçon se rapprocher et tendre sa main vers elle. Sans comprendre pourquoi, elle le vit s'effondrer sur elle. Elle ferma les yeux, s'attendant à une chute, mais il ne se passa rien, mis à part qu'elle sentit ses pieds se décoller du sol. Elle rouvrit brusquement ses yeux et remarqua que le jeune homme la portait dans ses bras et continuait à courir. C'était ça le moyen de les sortir de là ? Mais alors, ça signifiait que Kaori ne courrait pas assez vite pour lui ! Elle fronça les sourcils et demanda :

« Qu'est-ce que tu fabriques ?! »
- Euh... Je-je précise que c'était pas ça, mon plan... E-erreur de calcul...
« Repose-moi ! »

Kaori n'aimait pas tellement ce genre de contact, surtout avec un inconnu qui pouvait très bien être un prédateur sexuel prêt à la séquestrer dans une cave abandonnée ! Bon d'accord, ça c'était certainement le pire des cas envisageables, mais bon... Le vrai problème était qu'à cause de ça, les monstres s'étaient nettement rapprochés et que l'adolescent commençait à se fatiguer. Ca ne se voyait pas mais la jeune fille le devinait, après tout elle n'était pas toute légère et courir vite avec quelqu'un dans les bras c'était un peu compliqué, surtout dans un champ. De plus, il avait dû se faire mal en lui tombant dessus. Le mieux était donc que les deux adolescents recommencèrent à courir côte à côte, et un peu plus vite, pour regagner l'espace qu'ils avaient perdu. Kaori fit donc un bond qu'elle voulut habile, pour se retrouver à côté du garçon et ne plus le gêner dans sa course. Sauf qu'elle ne se propulsa pas assez loin et qu'elle se retrouva plantée devant lui. Cette fois elle le fit trébucher pour de bon, et les deux adolescents se retrouvèrent par terre. Avec les monstres aussi près, ils allaient se faire piétiner ! Kaori se concentra le plus possible et réussit à créer une sphère électrique autour d'elle et du garçon qu'elle ne connaissait toujours pas. Toutefois, ça lui demandait un gros effort. Les monstres s'arrêtèrent et se mirent à tirer sur le bouclier électrique, à l'aide de leurs canons. C'était de plus en plus difficile pour la jeune fille.

« T-ton plan, tu peux pas le faire là ? Je vais pas tenir... »

Voilà précisément pourquoi il ne pouvait pas la reposer. Pour éviter justement qu'elle lui fasse obstacle dans sa course et qu'ils se ramassent cette fois pour de bon. Ce qui ne manqua pas d'arriver, évidement. Et les voilà vautrés sur le sol, lui c'était monumentalement éclaté le menton au sol. Les deux Ryôritsu étaient déjà sur le point de se faire leurs adieux, ça y'est, ils étaient déjà morts, restait plus qu'à espérer qu'ils seraient touchés mortellement du premier coup.

#Bzzt#

Wah, la classe. Il n'avait pas bien compris ce que faisait la jeune fille, une sorte de bouclier, mais avec des éclairs, mais en tout cas ça avait l'air cool. S'ils n'étaient pas à deux doigts de se faire désintégrer, il trouverait même ça beau, ce bouclier violet et bleu avec cette électricité si concentrée qu'on voyait les éclairs à l'œil nu.

Sauf que là, ce n'était pas le moment de parler décoration intérieur, heureusement qu'elle était là pour le lui rappeler.

« T-ton plan, tu peux pas le faire là ? Je vais pas tenir... »

Plan ? Ah oui tiens, il était parfaitement d'accord avec elle qu'il était grand temps de l'utiliser. Il y avait pas beaucoup d'espace dans cette sphère, quand même, même à quatre pattes il frôlait le dôme et ça ne lui disait rien de bon s'il le touchait. Sauf que voilà, à peine levait-il le bras pour utiliser son pouvoir qu'il reçut une décharge en touchant maladroitement du coude ce même dôme autour d'eux. Une partie de lui poussa un juron, ça faisait vachement mal se truc, l'électricité était jolie une fois concentrée, mais ça la rendait plus dangereuse par la même occasion. Outre le fait que son bras droit lui criait sa douleur de la manière la plus violente possible, engourdissant les nerfs de son épaule, il avait glissé et se trouvait le front à dix centimètres de celui de la demoiselle, le type de position trop pas pratique du tout (quand je pense que c'est moi qui arrête pas de critiquer les eicchi...). Si White était tout seul, il serait aussi rouge que... qu'un certain autre perso à moi. Mais voilà, il était pas tout seul, il était bien gêné, mais pas rouge. Mais de toutes façons, qu'est-ce qu'on en a à foutre, actuellement ? Passer pour un CPE indigne qui abuse de ses jeunes élèves mineures était un peu moins grave que mourir dans d'atroces souffrances. Et si on meurt dans d'atroces souffrances, on a encore moins le loisir de lever le malentendu. Donc exécutons l'ordre qu'elle a donné il y a dix secondes.

*Attends, j'expérimente un truc.*
*Hé, qu-qu'est-ce que tu...!?*

Hop, les dix centimètres furent franchis, ils étaient en contact direct avec le front. Même si c'était que dix centimètres en moins, c'était quand même beaucoup plus gênant, mais y'en a un qui s'en foutait royalement. Quoique, la faire flipper elle et son colocataire à lui, c'était assez marrant. De toutes façons, c'était le premier truc qui lui venait à l'esprit car son bras droit ne répondait plus et son bras gauche était déjà sensé être celui qui ouvre le portail. C'est bien de faire des expériences, mais n'allons pas tenter l'incongru quand leur protection est sur le point de se briser. D'ailleurs, cette posture avait pris son effet et le bouclier était en train de se rompre. D'une minute à l'autre ils étaient morts.

Enfin, heureusement qu'il ne prêtait pas attention à ça, sinon il y aurait de quoi paniquer à fond et ne rien faire avancer. Pour l'instant, il était suffisamment occupé avec la migraine qu'il se payait cette fois comme à chaque fois qu'il devait utiliser son TS. (En tout cas, l'expérience était concluante : il était possible d'être en contact via n'importe quel partie anatomique, même si la main restait tout de même plus pratique.) Il sentit enfin le déclic qui allait les sauver, alors même qu'il revint à la réalité lorsque le bouclier s'effaça. Ça c'est ce qu'on appelle une triple synchronisation à la American Movie. Et sans se prier il attrapa la jeune fille et la balança avec lui dans la porte. Il la referma immédiatement après qu'ils soient entrés et s'autorisa à souffler.

- No-normalement ça va, on-on est sauvés, plus rien ne va nous tom-tomber dessus ! Si tu es bien portante mentalement, ça va de soi.

Y'en a qui sont mal placés pour parler, je vous jure.

Les joues rouges et des gouttes de sueur sur le front à cause de l'effort, Kaori restait concentrée, même si elle avait de plus en plus de mal à maintenir le bouclier. Elle n'en avait jamais créé un aussi grand, d'ailleurs il se rétrécissait petit à petit, à mesure que les forces lui manquaient. C'était certainement pour ça que le jeune homme le toucha du coude. Enfin, elle ne remarqua pas ce détail. Par contre, elle s'apperçut qu'il s'était rapproché d'elle et se demanda pourquoi. En tout cas, avoir son visage aussi proche du sien la gênait et la destabilisait. Chaque secousse produite par les canons des monstres détruisait la sphère électrique un peu plus. C'est alors que le front de l'inconnu se colla à celui de la jeune fille. Celle-ci rougit imédiatement et faillit perdre le contrôle de son Talent Spécial. Heureusement, elle avait compris que ce n'était pas le moment. Elle n'avait même plus la force de demander au garçon de s'écarter ou pourquoi il faisait ça dans un moment pareil. Elle avait l'impression qu'un compte à rebours annonçait sa mort. Kaori ferma les yeux, concentrant toute son énergie. Cependant, le bouclier céda et elle se sentit attrapée par le bras, avant même qu'elle n'ait eu le temps de hurler.
Le calme revint soudainement. Il n'y avait plus de bruits de canon, c'était tranquille et reposant. Kaori ouvrit les yeux. Elle était agenouillée à côté du garçon qui avait courrut à côté d'elle. Ils n'étaient plus dans les champs, mais dans un endroit très étrange. La jeune fille ne reconnut pas cet endroit, elle ne savait pas où elle était exactement. Elle qui croyait avoir fait le tour d'Ashtralia, se serait-elle trompée ? Certes il n'y avait pas de monstres à l'horizon, toutefois elle ne se sentait pas vraiment en sécurité.

- No-normalement ça va, on-on est sauvés, plus rien ne va nous tom-tomber dessus ! Si tu es bien portante mentalement, ça va de soi.
« Pourquoi ? Où sommes-nous ? »

La jeune fille essayait de garder son calme pour ne pas passer pour une peureuse et parce que ça ne servait à rien de paniquer. De plus, l'inconnu n'avait pas l'air effrayé, ce qui était plutôt bon signe non ? Enfin, elle ne savait toujours pas si elle pouvait lui faire confiance. Elle se releva et observa cet endroit inconnu. Il y avait des silhouettes au loin, des arbres et des ombres, beaucoup d'ombres. Kaori avait l'impression d'être dans un film. Rien de ce qu'elle voyait ne lui semblait réaliste. C'était à la fois effrayant et fascinant. Elle fit quelques pas et remarqua que ses pieds avaient formés des empreintes, comme si elle se trouvait sur une plage ou dans la neige. Pourtant le sol était juste blanc. Elle s'intéressa davantage aux silhouettes plus loin, qui marchaient dans tous les sens ou disparaissaient. Emerveillée, elle demanda à la seule personne qui pouvait lui répondre :

« Qui sont ces gens ? »

« Pourquoi ? Où sommes-nous ? »

Toujours assis au sol, Ryô -"bad"- se contenta de répondre d'un large sourire mesquin. Vous savez, ce genre de sourire 'je sais tout ce que tu veux savoir, mais je ne dirais rien, débrouilles-toi". Énervant et insupportable quand on est pressé (mais là ce n'était pas trop le cas, à peine si elle le remarqua). Elle ne connaissait pas son TS, ça pouvait être intéressant de voir quand elle allait comprendre qu'elle ne se trouvait pas si loin que ça, dans un endroit qu'elle connaissait très bien, mais où elle n'était jamais allée. De toutes façons, elle n'attendit pas de réponse particulière, apparemment fascinée par le contenu de sa caboche. Heureusement qu'elle ne savait pas que ça l'était, sinon ça sonnerait presque vantard, cette réaction. Enfin, il fallait bien avouer que ces endroits étaient sympa, bizarres, particuliers, louches, poétiques et pleins de symboliques, mais c'était justement ce qui leur donnait un certain charme. Il se mit debout sur ses jambes, toujours en tenant son bras droit qui lui hurlait sa douleur par vagues successives. Il n'y prêtait pas attention, restait neutre au possible, concentré sur les nouvelles paroles de son "hôte"... A qui il avait quand même ouvert la porte.

« Qui sont ces gens ? »

Le ton de la demoiselle indiquait clairement l'émerveillement que lui causait cet univers. Limite si elle ne sautait pas en l'air en courant dans tous les sens pour tout explorer tout de suite comme une gamine (quoiqu'ils la prennent vraiment comme une gamine, en un sens : c'est une mineure et une élève). Bah, pourquoi lui en vouloir, ils avaient réagi comme ça la première fois... Cette première fois qu'ils souhaitaient oublier, et pourtant cette fois qui leur avait sauvé la vie et qui n'était pas responsable du sort de leur premier "cobaye". Une ombre passa sur le visage du jeune homme, éphémère, furtive, avant qu'il ne se ressaisisse et ne lui apporte une réponse. Ou pas.

- C-ca, tu le sais mi-mieux que moi...

C'était un vrai sourire cette fois, un peu timide, mais honnête, accompagné d'un petit mouvement de tête. Il lui avait malencontreusement donné un indice, bien qu'il était encore assez insuffisant pour deviner tout de suite. Enfin, de toutes façons elle s'en rendrait compte à un moment où à un autre, qu'il la mette sur la piste ou non.

Kaori ne fit en effet pas attention au sourire du jeune homme, elle ne le regardait pas, elle observait ce monde nouveau. Toutefois, lorsqu'elle posa sa deuxième question, elle tourna la tête vers celui qui était encore un inconnu pour elle. Elle ne comprit pas sa remarque et haussa les sourcils. Comment pouvait-elle savoir mieux que lui qui étaient ces personnes, alors que c'était lui qui avait utilisé son Talent Spécial ? Cela était étrange et cachait peut-être quelque chose. D'ailleurs, peut-être que cet endroit était une sorte de prison virtuelle. Après tout, Kaori ne savait toujours rien de ce jeune homme, ni de ses intentions. Elle était presque sûre qu'il n'était pas quelqu'un de méchant, mais il valait mieux se méfier quand même un peu. Elle lui demanda :

« Comment tu t'appelles au fait ? Moi c'est Kaori. »

Elle n'avait pas oublié qu'il lui avait déjà mis un vent lorsqu'elle avait posé cette question pour la première fois, mais là rien ne l'empêchait d'y répondre, ils n'étaient plus menacés, pour l'instant... Savoir son prénom ne l'aiderait pas à lui faire totalement confiance mais c'était un bon début vers l'amitié non ? Peut-être pas l'amitié mais en tout cas, elle le connaîtrait quand même un peu mieux. La jeune fille reporta ensuite son attention vers les personnes qui les entouraient, de loin elle ne reconnaissait personne, et elle ne s'attendait pas à reconnaître quelqu'un. Elle regarda le ciel très foncé, comme son humeur actuelle. Et elle avait froid. Elle continuait de marcher lentement, sans vraiment s'avoir où elle allait ; c'était peut-être son côté explorateur qui ressortait.

- Hum c'est dommage tu es allé trop vite !

Kaori s'arrêta. Cette voix et ces paroles lui rappelaient vaguement quelque chose. Elle tourna la tête vers la voix et remarqua trois filles à côté d'elle, qu'elle n'avait pas remarquées avant. Son sang se glaça lorsqu'elle reconnut ces trois personnes. L'une était grande, aux longs cheveux lisses et teints en rouge foncé, une autre était petite et avait des cheveux blonds et bouclés, tandis que la troisième était une petite brune aux yeux bleus. Les trois gloussaient comme des idiotes. Il y avait deux silhouettes à proximité de ces trois filles, mais bien qu'elles soient proches, elles n'étaient que des ombres et Kaori ne parvenait pas à distinguer leurs traits.

- Elle a pas eu le temps de dire la réponse !

L'adolescente se mit à trembler. Elle reconnaissait ces phrases, elle reconnaissait ces filles. Elles étaient les pestes de son collège qui s'en étaient prises à elle, en lui montant un sale coup rien que pour le plaisir de se moquer d'une fille sans défense. Pourquoi étaient-elles là ? Kaori ne les avait pas revues depuis son entrée en troisième et elle en était bien contente d'ailleurs. Elles n'avaient pas changé : les mêmes coiffures, les mêmes rires, les mêmes vêtements... D'ailleurs, ce détail interloqua la jeune fille. Ses ennemies portaient l'uniforme de leur collège, pourtant elles ne pouvaient pas être encore au collège ! Et puis, c'était étrange qu'elles n'aient pas changé après tout ce temps. D'ailleurs, elles prononçaient les mêmes mots que ceux qu'elles avaient dit le jour où elles s'étaient moquées de Kaori. Comme si elles étaient dans ses souvenirs ou comme si elles avaient trouvé une autre victime qu'elles embêtaient avec les mêmes "blagues". Elle se rallia à cette idée. Mais alors qu'est-ce qu'elles faisaient dans cet endroit ? La vue de ces trois filles renforça la mauvaise humeur de l'adolescente qui recula de quelques pas pour retrouver le jeune homme qui l'avait emmenée dans cet endroit. Elle n'avait pas envie de s'adresser aux filles en question, trop de mauvais souvenirs, c'est pourquoi elle le questionna directement, lui :

« Ces filles là-bas, je les connais. Pourquoi sont-elles ici ? »

Mais putain de bordel de merde à chier. Et cette douleur qui ne part toujours pas, Ryô commençait sérieusement à vouloir se fracasser le bras contre un mur - à condition d'en trouver un, ici les murs c'est assez symbolique et donc très rare - pour engourdir ses nerfs et leur faire se la fermer une bonne fois pour toutes. "Oui, vous souffrez, d'accord, mais en silence s'il vous plait, c'est pas avec votre alarme que ça va faire avancer les choses : j'y peux RIEN. Je suis paumé dans la tête d'une gosse en attendant qu'une horde de monstres assoiffés de sang ne décident de rentrer chez eux. Donc vous pourrez souffrir autant que vous voudrez ça ne fera pas apparaître un médecin." Telles pouvaient être résumées les pensées nourries par une partie du jeune homme - je vous laisse deviner de laquelle il s'agit - dans l'état actuel des choses. Électricité, je t'en foutrais de l'électricité, moi, sale gosse. Tu me le payeras tôt ou tard, mais je suis en position légèrement défavorisée ici. Il n'est pas conseillé de perturber le mental (l'autre nom étant "traumatiser") d'une personne quand on s'y trouve. Enfin pas en s'attaquant direct à la personne, c'est suicidaire. Et encore heureux, ni l'un ni l'autre de nos Ryô ne l'était.

« Comment tu t'appelles au fait ? Moi c'est Kaori. »

Heureusement qu'il y avait une présence extérieure pour le faire redescendre de son nuage noir. Oh, ce n'était pas faute à White, il aurait bien essayé de calmer sa moitié s'il avait eu une chance de parvenir à la raisonner. Mais voilà, après dix-neuf ans de cohabitation, on a vite compris que c'est peine perdue. Black aurait tenté d'en venir aux mains, il aurait pu faire quelque chose pour l'en empêcher, mais là, les pensées de l'autre étaient quelque chose de tabou entre eux. On n'interfère pas avec le mode de pensée de l'autre pour garder les deux identités intactes (de vraies têtes de mules ces deux-là). On peut être fortement en désaccord, parfois se disputer, mais jamais on n'empêche l'autre de penser ce qu'il veut.

Bref, passons sinon on va se perdre avec eux. Après cette minute précise de silence, le temps de redescendre sur Terre (cette expression est-elle vraiment adaptée à l'endroit où ils se trouvent ?), le regard perdu dans le vide le temps de tout reconstituer, de se reconcentrer et de secouer la tête pour réaliser que la réalité c'est maintenant et ici. D'une voix neutre, partagée entre les deux opposés s'exprimant en même temps, la réponse était courte, mais ils trouvèrent le moyen de se foirer.

- Ryô. Ritsu.

Il accueillit sa propre réponse d'une mine songeuse, ni l'un ni l'autre n'avait volontairement gaffé. Tiens, bizarre, il avait baissé la voix à la fin de la première partie de son prénom. Peut-être que cela faisait si longtemps que l'on ne l'avait plus appelé par son nom qu'il ne savait plus exactement comment on devait utiliser. Cela faisait bien en effet longtemps qu'en dehors de sa famille, il ne comptait qu'une seule personne à l'appeler par les lettres qui figurent sur sa carte d'identité. Et en tant qu'ami, il était tout à fait normal d'avoir droit d'utiliser un diminutif quand le nom est un peu long. Il n'avait pas "oublié" son nom complet, il était juste habitué à ce que la façon dont on l'appelle ne se compose que de trois lettres. Mais puisque cette personne n'était plus là pour le lui dire, autant refourguer le fardeau à quelqu'un d'autre...

... Mais de toutes manières, cette infâme gamine trop curieuse qui était à l'origine de sa douleur actuelle était, comme je l'ai déjà précisé, une gamine. Par conséquent, il lui imposait le respect adéquat.

- Ryôritsu Photofiltre. Et je suis de bonne humeur, tu pourras m'appeler Votre Majesté si tu n'es pas inspirée pour plus.

Claque mentale.

- Je... je plaisante, tu-tu peux m'appeler... Votre Majesté, j'insiste.

*Arrête un peu de te montrer méchant avec tout le monde tu veux ! Dis-lui que tu plaisantes !*
*Je ne me montre pas méchant. Juste rancunier, la nuance est dans le fait que c'est elle qui a commencé.*
*On aura vingt ans cette année, je te rappelle...*

Sans doute par incompréhension totale et légitime, la dénommée Kaori ne leur répondit pas. Il faut dire que le Ryô en face d'elle lui tournait le dos en croyant en aparté, chuchotait des propos incohérents lâchés inconsciemment et gesticulait comme en train de se disputer avec un ennemi invisible. En tant que narratrice consciencieuse qui lit les RPs de ses partenaires, les gars, j'aimerais vous informer que Kaori n'a actuellement pas de vous la vision d'une personne très stable, digne de confiance et rassurante. Mais on ne peut pas vraiment lui en vouloir non plus, hein. Dites, vous m'écoutez là ? Non ? Allez vous faire voir avec vos délires intérieurs, bande d'ingrats.

Alors que Kaori s'était déjà éloignée, un vent frais les parcouru. De l'incompréhension, mais aussi et surtout une forte gêne. Ce que l'on ressent face à un souvenir que l'on aimerait avoir inventé de toutes pièces, mais qui te nargues et te rappelle toujours que, comme tout le monde, il t'arrive de faire des erreurs et par conséquent de te donner en spectacle devant des gens tout aussi maladroits que toi et qui se sont donnés en spectacle il y a quelques jours à peine sans que tu ne t'en sois rendu compte ou qui se le seront donné dans quelques jours. Le cercle est vicieux.

Bon, qu'est-ce qu'elle est allée chercher, celle-là ? Elle ne peut pas se tenir tranquille deux minutes ? Okay, Tonton Ryô est sur l'affaire.

« Ces filles là-bas, je les connais. Pourquoi sont-elles ici ? »

Ryôritsu, toujours tourné dans la direction opposée, tourna la tête vers elle par dessus son épaule, cherchant à lire le souvenir qu'elle avait retrouvé sur son visage. Bon, okay. Juste des amies qu'elle a croisé et elle ne comprend pas pourquoi elles sont là. Il s'attendait à plus croustillant,si encore il y avait une histoire de lynchage entre gonzesse qui en aurait traumatisée une, ça pourrait être intéressant, mais là... (pauvre Ryôritsu, si tu savais... XD)

- Peut-être parce que c'est normal de croiser un souvenir dans la tête de quelqu'un, hm ?

De toutes façons, elle n'aurait pas mis longtemps à le découvrir, et il restait tant d'étudiants encore étranger au mystérieux pouvoir du CPE de l'école. Il aurait d'autres victimes sur le coup. En attendant, il se contentait de lui offrir son plus beau sourire bourré de sous-entendus et d'une certaine auto-suffisance. "Oui, j'ai dit ce qu'il fallait dire, tu dois en comprendre ce qu'il y a à comprendre, et débrouilles toi maintenant Miss, fais-moi rire <3"

Spoiler:

[Non ce n'est pas un miracle XD. Je sais, je devrais répondre plus souvent parce que là ça tue le RP mais... I'm kinda busy ♪ K-Kinda busy ♪ STOP AU LADY GAGA >_<"]

- Ryô. Ritsu.

Heiin ?! Kaori lança un regard interrogateur au jeune homme malgré elle. Elle n'avait pas vraiment compris pourquoi il avait fait une pause, s'il avait deux prénoms, s'il voulait bien distinguer son prénom de son nom ou s'il n'avait pas fait exprès parce qu'il n'était pas attentif. En tout cas c'était intrigant, mais malgré ça, Kaori n'osa pas lui demander d'explication. N'étant pas souvent présente dans le pensionnat, elle ignorait la réputation qu'avait le CPE, elle ne savait même pas que celui qui était en face d'elle était son CPE ! Si elle l'avait su, elle aurait agi autrement, elle était plus timide avec les adultes - enfin il n'était pas encore adulte alors disons, avec ses "supérieurs". L'intéressé sembla capter son regard surpris car il reprit sa phrase en ajoutant son nom de famille. Ryôritsu Photofiltre. Il avait peut-être eu un "bug" lorsqu'il s'était présenté la première fois et, ayant remarqué la confusion dans laquelle s'était trouvée la jeune fille, s'était repris. Il ajouta qu'il était de bonne humeur et qu'elle pourrait l'appeler "Votre Majesté" si elle n'était pas inspirée pour plus. Nouveau haussement de sourcil. Le contraste entre le garçon hésitant, timide qui bégayait et cette phrase était surprenant.

- Je... je plaisante, tu-tu peux m'appeler... Votre Majesté, j'insiste.

Heiiiin ?! Là, Kaori se trouvait dans la plus profonde confusion. Elle était loin de se douter que Ryôritsu était en fait deux personnes en une. D'ailleurs dans son petit monde, elle ne connaissait pas ce qu'était la schyzophrénie. Elle connaissait le mot et sa définition mais elle était persuadée que c'était un cas tellement rare qu'elle ne croiserait personne ayant cette particularité. Elle finit par conclure quant à l'attitude de Ryôritsu, qu'il se moquait d'elle en faisant semblant d'être timide, puis en montrant qu'il était orgueilleux, pour plaisanter sans doute. En tout cas, la jeune fille décida de ne plus y faire attention. Elle détourna son attention du garçon et regarda de nouveau cet endroit nouveau. Si elle avait observé Ryôritsu une seconde de plus, elle aurait pu assister à son conflit télépathique et l'aurait vraiment trouvé étrange de se chuchotter à lui-même.
Lorsque, quelques minutes plus tard, l'adolescente l'interrogea à propos des filles qu'elle connaissait, Ryôritsu lui répondit par une phrase énigmatique, lui expliquant que c'était peut-être normal de croiser un souvenir dans la tête de quelqu'un. A présent, Kaori hésitait à le prendre pour un fou ou pour un intellectuel. Que voulait-il dire ? Elle était bien obligée de le croire puisque c'était lui qui avait créé ce monde, ou plutôt qui l'y avait transportée. Il devait donc savoir. Alors pourquoi s'amusait-il à faire des sous-entendus et à retarder le moment de tout lui expliquer ? Tout en regardant au loin, Kaori réfléchit sur cette phrase. "Un souvenir... dans la tête de quelqu'un...". C'est alors qu'une petite fille se matérialisa devant elle. Elle avait un sourire méchant et montrait quelqu'un du doigt. Elle se mit à rire aux éclats. L'adolescente reconnut cette petite fille : c'était sa petite soeur. Et elle se moquait d'elle. Kaori se vit, assise par terre, plus jeune cependant. Elle avait les sourcils froncés.

"Pourquoi tu te moques de moi ? C'est bon, arrête ! Ca t'amuse ? Va-t-en !"
"Tais-toi macaque !"

Le rire diabolique retentit de nouveau. La dernière phrase prononcée par la petite soeur de Kaori la frappa. Elle se souvenait exactement de ce moment, lorsqu'une fois de plus sa soeur s'était moquée d'elle. Elle se souvenait parfaitement du surnom qu'elle lui avait donné : "macaque", sans que Kaori ait pu comprendre pourquoi. Alors, c'était ça.... le souvenir ? Ca ne faisait aucun doute à présent. Tout comme sa soeur, les trois autres filles de son ancien collège avaient ressurgi et la scène d'humiliation avait recommencé. C'était tellement étrange la magie. La première partie de l'énigme (ouais elle est à fond dedans Kaori XD) était donc résolue, il ne restait plus que "dans la tête de quelqu'un". "C'est peut-être normal de croiser un souvenir dans la tête de quelqu'un". Depuis qu'ils étaient dans cet endroit, ils n'avaient vu que des souvenirs de la jeune fille. Ca signifiait donc en toute logique, qu'ils se trouvaient dans sa tête à elle ! Là, ce n'était plus de la surprise, Kaori était réellement choquée. Elle n'aurait pas pu imaginer une seule seconde qu'un Talent Spécial de la sorte puisse exister ! L'aspect merveilleux de ce monde s'estompa et au même moment, le "ciel" devint noir. Non seulement l'adolescente avait beaucoup de mauvais souvenirs, mais en plus elle était forcée de les partager avec un inconnu, ce qui était très embarassant. Mais peut-être qu'elle était folle et que ce n'était pas du tout ce qu'avait voulu dire Ryôritsu ! Enfin, cette hypothèse n'était presque plus plausible. Têtue comme elle l'était, elle ne put s'empêcher de demander confirmation auprès de "Sa Majesté" :

« Tu veux dire qu'on est dans ma tête là ?! »

Spoiler:

"Pourquoi tu te moques de moi ? C'est bon, arrête ! Ça t'amuse ? Va-t-en !"
"Tais-toi macaque !"

Ryô ne put s'empêcher de jeter un œil au nouveau souvenir, c'était plus fort que lui. Et puis, il venait de se matérialiser devant eux, ce n'est pas comme si il était allé fouiner là où il ne fallait pas. Cela ressemblait à une simple dispute, vu la familiarité avec laquelle elles interagissaient, il devait s'agir de sœurs. De cette gamine et de sa petite sœur, plus précisément. Là où la scène deviendrait totalement banal pour beaucoup, elle ne prit que plus d'intérêt aux yeux de Ryôritsu, fils unique, sans même de cousins, et avec un (ex)meilleur ami dont il n'avait jamais vu la famille. La fraternité l'avait toujours intrigué, dans ses hauts comme ses bas, et il avait ici un bas bien profond. Qu'importe, même les disputes c'est amusant (toujours selon la même partie).

Malheureusement, la principale actrice de tout ce théâtre avait enfin remarqué la caméra cachée et refusait de jouer le jeu. Le souvenir disparut, le ciel s'assombrit, sans doute qu'elle allait essayer de retenir le maximum de souvenirs maintenant. Tant pis, ça n'avait pas duré, il avait pourtant si peu l'occasion d'ouvrir ces vortex.

« Tu veux dire qu'on est dans ma tête là ?! »

A l'opposé de la réaction de panique de la demoiselle, Ryô gardait tout son calme. Logique, pour quelqu'un qui sait tout depuis le début. Il soupira, passa une main dans ses cheveux de sa main valide en réfléchissant rapidement à ce qu'il était sensé répondre maintenant.

- Bravo, c'est précisément ça. Un bon point pour toi.. C'est ce que je peux faire, tout comme toi ton trip à toi c'est les éclairs. Alors, déçue ?

Il lui fit son sourire le plus ironique possible, rien que pour le plaisir. Quelques secondes s'écoulèrent, sans doute que la demoiselle assimilait l'information, avant qu'il ne se reprenne. Ou plutôt que White reprenne les rênes pour ne pas se faire mal voir alors que ce n'est pas de sa faute.

- Dé-désolé, c'était pour échapper aux mon-monstres...

Ryôritsu répondit positivement à la question de la jeune fille : ils se trouvaient bien dans sa tête. C'était inquiétant, perturbant, préoccupant (enfin tout ça quoi XD). D'ailleurs, Kaori n'écouta même pas la fin de la phrase du jeune homme et ne fit pas attention à son sourire ironique, tant elle était bouleversée par cette réponse. Ce n'était pas la fin du monde, ce n'était pas si choquant que ça, mais quand même ! Rien que de se dire qu'elle était dans son cerveau ou dans un endroit de ce genre... C'était effrayant. Oui, parce qu'il n'y avait pas que le bon côté de savoir tout ce qui se passait dans sa tête, il y avait aussi l'inconvénient que le moindre dégât pouvait la rendre folle, lui causer un traumatisme. Et ça c'était dangereux. Mais en même temps, si ce n'était pas dangereux, le TS de Ryôritsu ne lui servirait pas à grand chose, à part se mêler de la vie des autres mais bon... Kaori trouvait ce pouvoir fascinant, mais puisqu'elle était en quelque sorte la victime, elle voulait s'en libérer. Elle tenait à sa raison tout de même ! Cependant, elle ne voulait pas montrer au garçon qu'elle avait peur et qu'elle voulait sortir de cet endroit. Il était bizarre. Il pouvait être capable de l'effrayer en faisant semblant de semer le désordre dans le "Kaori's World" ou "Kaori's Brain" (XD). Il fallait donc qu'elle trouve une raison de vouloir retourner sur Ashtralia, sans montrer que c'était pour se protéger elle-même.
Alors qu'elle y réfléchissait, Ryôritsu s'excusa et lui expliqua que c'était pour échapper aux monstres qu'il avait fait ça. C'était le retour du garçon timide qui parlait en bagayant. Comme s'il avait deux facettes... Kaori secoua la tête, elle ne voulait pas penser à ce genre de choses. Elle ne lui en voulait pas de l'avoir ammenée ici, puisque sinon ils se seraient certainement fait piétiner par les monstres, ou pire. Elle ne pouvait donc pas regretter d'être entrée dans ~~Kaori's Brain~~ cet endroit et il n'avait pas à culpabiliser. Elle répondit donc en faisant un sourire compatissant :

« Oui, je comprends. Mais... les monstres ont dû partir maintenant, on pourrait partir d'ici, non ? »

Elle essaya de dire ça le plus calmement possible, comme si elle proposait une simple idée. Au moins, en discutant avec Ryôritsu elle détournait l'attention de celui-ci de ses souvenirs, ce qui la rassurait. C'est alors qu'elle remarqua, au loin, une silhouette s'approcher. Et plus elle avançait, plus les battements du coeur de Kaori accélérèrent. Elle n'eut aucun mal à reconnaître cette personne, ces cheveux bleu foncé, ces lunettes rectangulaires, ce sourire charmeur... C'était Kyo, son ancien meilleur ami et celui qui aurait pu devenir son petit copain. Les joues de l'adolescente virèrent au rouge lorsqu'elle pensa que si Ryôritsu se retournait, il le verrait, ainsi que les souvenirs qui allaient avec. Elle voulait à tout prix éviter ça. Ses sourcils tremblèrent, elle essaya de prendre un air joyeux qui ressembla plutôt à un air niais et bafouilla, ou plutôt brailla, pour attirer l'attention du CPE :

« Euh... ça te fatigue pas de rester aussi longtemps dans l'esprit de quelqu'un ?? Parce que moi ça me fatigue trop d'utiliser mon Talent Spécial longtemps !! On devrait peut-être y aller là ! »

« Oui, je comprends. Mais... les monstres ont dû partir maintenant, on pourrait partir d'ici, non ? »

Il allait répondre d'un instant à l'autre s'il n'avait pas lu dans son regard quelque chose d'étrange. Elle venait sans doute de voir un truc qu'il ne fallait pas, et vu sa réaction elle ne voulait sans doute pas le voir se retourner. Qu'est-ce qu'il aurait donné pour le faire, pourtant... Et ce n'était pas faute de le vouloir, simplement que sa partie plus raisonnable l'avait entièrement bloqué pour l'empêcher, par "respect pour Kaori". Eh merde, comme par hasard, et dire que ça avait l'air plus intéressant encore qu'avec les deux précédent souvenirs.

« Euh... ça te fatigue pas de rester aussi longtemps dans l'esprit de quelqu'un ?? Parce que moi ça me fatigue trop d'utiliser mon Talent Spécial longtemps !! On devrait peut-être y aller là ! »

- Nan, t'as pas compris. Mon Talent Spécial c'est d'ouvrir les portes d'entrée ou de sortie, une fois que j'y suis il n'agit plus. Et puis...

Il indiqua son bras toujours inerte. La douleur s'était calmée, mais chaque fois qu'il bougeait ne serait-ce que d'une phalange il avait l'impression d'être touché par un nouvel éclair.

- C'est de ta faute si mon bras est dans cet état. Et j'en ai besoin pour nous faire rentrer.

Le truc c'était que le portail s'ouvrirait à quelque mètres de sa main. Et en rencontrant sa jambe à côté, le trou s'arrêterait de grandir et ils n'auraient à peine que la place d'y mettre la main. Il y avait bien une option qui lui traversa l'esprit à ce moment-là.

- Mais si tu veux tu n'as qu'à guider ma main.

De son bras valide, il saisit celui de son élève pour lui faire comprendre. Il suffit qu'elle lui attrape le poignet et qu'elle fasse en sorte de tendre son bras, mais le fait est que les ado sont assez stupides et en général ultra pudiques, avec une peur bleue de toucher un inconnu (rien que White était en train de pester contre lui puisqu'il est un exemple de ceux que le contact met mal à l'aise). De toutes façons, quelqu'un s'immisça dans leurs affaires. Quelqu'un lui saisi le bras (valide) au-dessus du coude et le tira en arrière. Ne s'y attendant pas, il lâcha immédiatement la jeune fille et jeta un œil derrière lui. Un binoclard, cheveux bleus, plus jeune que lui le tenait fermement. Sans même regarder son prisonnier, il tournait une mine inquiète vers elle.

"Ça va, Kaori-chan ? De loin, je l'ai vu t'attraper, et tu avais l'air choquée..."

Merde, ils étaient tous les deux entrés dans le souvenir. Et là, il passait pour un quelconque mec louche dans la rue (le paysage s'était changé sans qu'ils ne s'en rendent compte). En plus à force de jouer au con avec elle, qui sait si elle allait prendre sa défense...

*Eh voilà, faut toujours que tu fasse l'intéressant et qu'on finisse dans la galère !*
*J'ai pas fait mon intéressant, c'était une bonne idée ! A moins que tu préfère qu'on attende encore plusieurs heures ici en attendant qu"on récupère le contrôle de notre bras. Et ce n'est qu'un mioche, c'est pas comme si on avait à en avoir peu.*
*Sauf qu'on risque d'altérer un de ses souvenirs, là !*
*Tant pis pour elle ~*

Ryôritsu lui expliqua qu'il n'utilisait plus son Talent Spécial une fois qu'il était dans les souvenirs de quelqu'un et donc qu'il ne se fatigait pas. Ca paraissait logique, sinon il aurait dû être constamment concentré. Kaori devait donc trouver un nouvel arguement pour sortir de cet endroit sans attirer les soupçons, même si c'était sûrement déjà fait. Elle jeta un rapide coup d'oeil vers la silhouette de son meilleur ami, seulement ce n'était plus une silhouette, il se rapprochait bel et bien. Non, il ne pouvait pas l'avoir vue, ils n'appartenaient pas au même monde à présent. Cependant, la jeune fille ne parvenait pas à se rassurer entièrement.
Le CPE lui montra son bras et l'accusa de l'avoir mis dans cet état. Quel état ? Kaori n'avait pas remarqué qu'elle l'avait à moitié électrocuté. Toutefois, elle ne lui posa pas de questions, elle ne voulait pas s'attarder. Ryôritsu ajouta qu'elle pouvait guider sa main pour qu'il les fasse sortir d'ici. Elle ne comprit pas bien ce qu'elle devait faire et laissa le jeune homme attraper son bras. Elle se fichait qu'il la touche tant que c'était pour sortir de son esprit. Alors qu'elle allait lui demander si elle devait juste tendre son bras, il lâcha brusquement le sien.

- Ça va, Kaori-chan ? De loin, je l'ai vu t'attraper, et tu avais l'air choquée...

Le coeur de la jeune fille se mit à battre si fort que ça lui fit mal. C'était son meilleur ami qui avait retiré le bras de Ryôritsu et il devait se demander qui était ce jeune homme. Ce qu'elle craignait le plus venait de se produire, ils étaient entrés dans l'un de ses souvenirs et risquaient de le modifier. Lorsqu'elle ressortirait de son esprit, elle ne se souviendrait sûrement plus du véritable souvenir. Alors, que faire ? Il fallait bien qu'elle lui réponde mais elle voulait quand même préserver sa mémoire. Elle murmura d'une voix tremblante :

« O-Oui... ça va... »
- Qui est-ce ?

Elle aurait dû se douter que Kyo n'en resterait pas là et qu'il poserait d'autres questions. Elle se rendit compte qu'elle aurait dû se taire, ça aurait pu limiter les dégats. Mais comme d'habitude, elle n'avait pas assez réfléchi avant de parler. Il n'avait pas lâché le bras de Ryôritsu et le regardait sévèrement. Kaori ne savait pas du tout quoi faire. Elle lança un regard paniqué à son CPE, ses yeux lui demandaient de l'aide. Les deux bras de celui-ci étant dans l'incapacité de bouger, ils ne pouvaient pas quitter son esprit pour l'instant.